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Photo d'un jeune homme trentenaire porteur de lunettes pour corriger sa vue
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Lunettes, audioprothèses : moins de remboursements ? Les mutuelles revoient leur copie

Face à un déficit abyssal de l’Assurance maladie et un objectif gouvernemental de réduction des dépenses publiques, les regards se tournent vers les complémentaires santé. Au cœur des débats : les remboursements de l’optique et de l’audition, désormais dans le viseur des mutuelles. L’ambition ? Rationaliser les coûts, lutter contre les excès, et, selon certains acteurs du secteur, ramener une conscience du « vrai prix » des soins. Une réforme qui pourrait profondément bouleverser les habitudes de consommation médicale des Français.

👓 Vers un remboursement de l’optique repensé

La Fédération de la Mutualité française, qui regroupe les mutuelles de santé à but non lucratif, soutient une refonte des modalités de remboursement de certains équipements médicaux jugés coûteux ou sujets à des usages excessifs. Son président, Éric Chenut, interrogé par Les Échos, plaide pour une réduction significative du soutien financier accordé aux montures de lunettes : celles-ci ne seraient plus remboursées qu’à hauteur de 30 euros, contre 100 euros actuellement. Une proposition assortie d’un espacement du renouvellement possible – tous les trois ans, sauf en cas d'évolution clinique notable de la vue.

Cette logique de limitation ne concerne pas uniquement l’optique. Le secteur de l’audition serait aussi impacté. Les mutuelles souhaitent repousser la fréquence de remboursement des audioprothèses à cinq ans, contre quatre actuellement. Selon Éric Chenut, ces mesures permettraient non seulement de freiner les dépenses globales, mais aussi de réduire le montant des cotisations payées par les assurés, une promesse de soulagement budgétaire en période d’inflation persistante.

Mais cette vision, bien que pragmatique sur le plan financier, ne fait pas l’unanimité. Les professionnels de santé – notamment les opticiens – s’inquiètent d’une chute de fréquentation et d’un impact direct sur leur chiffre d'affaires. D’un point de vue médical, certains experts alertent également sur le risque de retarder des soins nécessaires, au détriment de la santé visuelle ou auditive des patients, en particulier les plus précaires.

Dans son plaidoyer, Chenut dénonce la logique de "pseudo-gratuité" induite par les anciens systèmes de remboursement, estimant que certains patients perdent de vue le coût réel des soins et qu’il faut "lutter contre les soins inutiles" et les fraudes. Ce discours semble recueillir l’adhésion de plusieurs assureurs privés, qui, selon Les Échos, pourraient bientôt formuler des propositions conjointes avec la Mutualité française à destination du gouvernement.

👁 L'œil de l'expert : Une réforme nécessaire, mais à manier avec nuance

Réformer les remboursements en santé est un enjeu délicat : entre impératif budgétaire et justice sociale, la ligne de crête est étroite. Si l’encadrement des dépenses liées aux équipements médicaux semble inévitable au regard des contraintes économiques (un déficit prévisionnel de 15 milliards d’euros pour 2025), il importe de préserver un accès équitable aux soins essentiels. Il s’agira, dans tous les cas, de trouver un équilibre subtil entre rationalisation des coûts et maintien d’un système de santé solidaire.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français