Pourquoi les ventes des supermarchés reculent malgré la baisse de l’inflation : un phénomène lié au pouvoir d’achat
Bien que l’inflation ait ralenti en 2024, les grandes enseignes alimentaires connaissent une chute inattendue de leurs ventes, signalant des arbitrages de plus en plus marqués de la part des consommateurs. La baisse des ventes dans les supermarchés, bien que modeste en apparence, a des répercussions profondes sur les chiffres d'affaires des distributeurs. Ces changements dans les comportements d'achat sont la réponse directe à un pouvoir d’achat toujours fragilisé. Ce phénomène, bien que lié à une diminution des prix, illustre un contexte économique toujours tendu pour les Français. Décortiquons les raisons de cette baisse et les ajustements opérés par les consommateurs.
🛒 Les changements de comportements d’achat : une réponse à l’inflation persistante
Les Français, malgré une réduction très sensible de l’inflation, continuent de faire face à des hausses de prix substantielles sur certains produits essentiels. Face à cela, nous constatons que leurs habitudes de consommation se modifient considérablement. Les rayons des produits dits « plaisir » comme les fruits de mer, les adoucissants ou le café connaissent une nette baisse des ventes, tandis que des produits alternatifs et moins coûteux, tels que le prosecco ou la truite fumée, gagnent en popularité. Ce phénomène n’est pas isolé : la pression sur le pouvoir d’achat pousse les consommateurs à privilégier les promotions et à se tourner vers les marques distributeurs.
Les rayons des boissons et des produits d’hygiène et beauté, par exemple, enregistrent des baisses respectives de 3,7 % et 2,7 %, soulignant la rationalisation des achats. Cette tendance est révélatrice d’une population qui, tout en étant soulagée par une moindre inflation, continue de faire face aux effets cumulatifs de la hausse des prix sur les dernières années.
🏭 Les enjeux des négociations tarifaires et l’impact des demandes de hausse des industriels
Le recul des ventes des supermarchés intervient à un moment crucial : celui des négociations entre les enseignes et les industriels, qui se poursuivent jusqu’au début mars. Les producteurs, confrontés à l’envolée des coûts des matières premières telles que le beurre, le café ou l'huile d'olive, réclament des hausses de prix qui peuvent atteindre jusqu’à 10 %. Les distributeurs, eux, se montrent réticents, cherchant à limiter ces hausses pour répondre aux attentes d’une clientèle déjà éprouvée par les hausses passées.
La situation est d’autant plus délicate que, malgré une inflation moins marquée, les consommateurs restent extrêmement sensibles à tout nouvel accroissement des prix. Ces tensions entre l’industrie et les distributeurs risquent de prolonger les arbitrages des consommateurs et de rendre difficile tout retour à la normale sur les rayons.
🏋🏽♂️ Un pouvoir d’achat toujours fragile : les efforts des distributeurs pour redresser la situation
Bien que les supermarchés déploient des efforts pour répondre aux attentes des consommateurs, notamment avec des réductions de prix sur 1 000 produits à partir de janvier dans le réseau Intermarché, la fragilité du pouvoir d’achat demeure. Les initiatives des enseignes, bien qu’appréciées, semblent insuffisantes face à un contexte économique complexe. Les consommateurs peinent à absorber les hausses accumulées ces dernières années, et même la fin de l’inflation n’a pas suffi à redresser la confiance des ménages.
Le pouvoir d'achat des Français reste ainsi sous pression, et les grandes surfaces devront redoubler d’efforts pour séduire une clientèle devenue plus sélective, privilégiant les prix bas et la stabilité tarifaire.
En 2025, on sait déjà que les consommateurs continueront d'ajuster leurs priorités et poursuivront une gestion rigoureuse de leur budget. Les efforts des distributeurs pour limiter les hausses de prix pourraient être louables, mais risquent de ne pas suffire pour inverser la tendance. Les mois à venir seront donc décisifs pour les enseignes alimentaires, qui devront s’adapter à une clientèle toujours plus attentive à ses dépenses.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français