Une épargne en hausse, mais à quel prix pour le pouvoir d'achat ?
En 2024, les Français détiennent près de 6.000 milliards d’euros en épargne, soit 18 % de leurs revenus. Ce chiffre soulève la question : cette frénésie d’épargne est-elle vraiment bénéfique pour le pouvoir d’achat des ménages ? Alors que l'épargne continue de croître, certains experts s’inquiètent d'un phénomène de « surépargne » qui pourrait nuire à l’économie, notamment en réduisant la consommation.
🐖 Pourquoi une telle épargne ? Le profil des épargnants en France
L’épargne en France est largement influencée par l’âge et le niveau de revenu. Les personnes âgées épargnent en moyenne 25 % de leurs revenus, contre 15 % pour les actifs. Ce phénomène s'explique par une population vieillissante et des pensions de retraite revalorisées chaque année, ce qui encourage davantage d’épargne. De plus, les mesures fiscales mises en place depuis 2017 ont renforcé le pouvoir d’achat des plus riches, qui épargnent d’autant plus. Ainsi, les plus hauts revenus représentent une part importante de l’épargne nationale.
📈 Une épargne qui ne protège pas forcément contre l'inflation
Pour de nombreux Français, l’épargne a surtout pour but de compenser l’érosion de leur pouvoir d'achat face à une inflation persistante. Pourtant, cet argent placé ne garantit pas toujours une protection efficace. Prenons l’exemple du Livret A, dont le taux d’intérêt de 3 % est en réalité bien moins attractif face à une inflation de 2 %. De nombreux placements offrent des rendements inférieurs à l’inflation, ce qui fait de l’épargne un mauvais refuge en termes réels.
🔗 L'impact de la surépargne : entre prudence et frein à la croissance
La hausse de l’épargne, si elle peut offrir un sentiment de sécurité, a aussi des conséquences sur l’économie. En favorisant l’épargne plutôt que la consommation, les Français contribuent indirectement à ralentir la croissance économique. C’est une conséquence directe de la politique monétaire de la BCE (Banque Centrale Européenne), qui cherche à limiter l'inflation en réduisant la demande. Cependant, un excès d’épargne peut devenir un frein à la croissance du PIB, si la consommation ne redémarre pas.
☂️ L’épargne en 2025 : une tendance qui pourrait se prolonger malgré tout
Bien que l'inflation diminue et que les taux des livrets baissent en 2025, l’épargne des Français devrait rester élevée. Toutefois, si cette épargne semble bénéfique sur le plan individuel, elle pourrait avoir des effets plus néfastes sur l’économie à long terme. Cela dit, certains experts, comme Philippe Crével, soulignent que l’épargne a aussi son rôle rassurant, en particulier face aux incertitudes économiques et politiques. Philippe Crevel nous explique:
Je ne crois pas qu’il faille condamner l’épargne, a fortiori dans les périodes de doutes politiques et économiques comme c’est le cas en France. Il ne faut pas oublier que voir autant d’argent sur les comptes des Français a rassuré les agences de notation au moment de juger de notre capacité à résorber notre déficit.
La question reste donc ouverte : l’épargne excessive est-elle une bonne chose ou un mal nécessaire ?
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français