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Un été sur les taux en Europe avant les États-Unis
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Un été sur les taux en Europe avant les États-Unis

La zone Euro suit historiquement les actions de la FED (FEDeral reserve system)  dans la définition de sa politique monétaire. Mais cette fois, il semble presque acquis que la BCE pourrait bien engager une détente sur ses taux directeurs avant la Réserve Fédérale Américaine. 

Alors que Powell alerte sur la persistance de l’inflation aux Etats-Unis, Christine Lagarde reste mesurée dans la trajectoire de la BCE, mais assume le détachement de la zone Euro dans la stratégie de sa politique pour les mois à venir.

🔢 « Dépendante des données mais pas de la Fed »

Mardi, à Washington, questionnée sur la chaîne CNBC, la présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde, a assuré que la BCE était « dépendante des données mais pas de la Fed », en termes d’agenda pour les prochaines baisses de taux entre autre. Au-delà de cette annonce, la présidente de l’institution francfortoise a assuré que la zone Euro pourrait bien entamer la baisse de ses taux directeurs, avant la FED, au cours des prochains mois (juin 2024). Christine Lagarde rappelle les bons résultats de l’inflation en zone Euro sur ces derniers mois, à contrario de ceux enregistrés par les Etats-Unis, qui subissent une inflation persistante à 3,5%. Elle précise que c’est bien à partir de ces données que l’institution prendra ses décisions : 

Nous sommes dépendants des données. Nous en avons eues en mars et un peu en avril. C'est sur cette base que nous devons prendre nos décisions et non sur la base d'une banque centrale dans le monde, dût-elle être la Fed, a-t-elle expliqué. 

La correction apportée par le FMI concernant la croissance en zone Euro (+0,8% pour la zone, - 0,7% pour la France et -0,3% pour l’Allemagne) incitera à coup sur la BCE a détendre sa politique monétaire, hors déconvenue sur l’inflation.

« Faire ses heures supplémentaires »

A l’inverse, de l’autre côté de l’Atlantique, l’heure est davantage à la grande prudence. 

Dans sa locution à la sortie de la réunion du FMI, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a déclaré que les dernières données sur l'inflation n’incite pas pour le moment l’institution américaine à la détente dans sa politique des taux. Il va jusqu’à préciser que les taux devront probablement être plus élevés pendant plus longtemps. 

Les données récentes ne nous ont clairement pas donné plus de confiance, et indiquent au contraire qu'il faudra probablement plus de temps que prévu pour atteindre cette confiance, a déclaré M. Powell. 

Selon le président de la FED, la recrudescence de l’inflation aux USA imposera des « heures supplémentaires » dans la politique restrictive déjà engagée outre Atlantique. De nouvelles hausses des taux directeurs ne sont d’ailleurs pas exclus. Pourtant, la détente progressive sur le marché du travail (ouverture des frontières pour accentuer l’immigration économique) et par voie de conséquence la baisse de la pression sur les salaires, seraient de nature à pondérer les données du moment.

🛒 La consommation comme autre arbitre de l’inflation

Quand les consommateurs de la zone Euro sont plus prudents (avec la pression du conflit ukrainien et la pression sur les prix de l’énergie), et accélèrent même dans certains pays leur niveau d’épargne, les consommateurs américains demeurent historiquement plus optimistes ; et donc avec plus de confiance ils consomment davantage, et de ce fait épargnent moins. Et cette différence de consommation provoque inéluctablement des impacts sur les tendances des prix, et donc de l’inflation.

Autre possible arbitre dans les semaines qui viennent : le conflit israélo-palestinien dans lequel l’Iran « s’invite ». Un débordement de ce conflit pourrait à lui seul compromettre tous les efforts consentis dans la lutte contre l’inflation, et retarder les baisses encore d’actualité pour la zone Euro, par l’envolée du prix du baril.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français