Les Français vivent moins à crédit, un phénomène inédit depuis 35 ans
En 2024, un phénomène majeur a marqué l’économie des ménages français : la proportion de ceux possédant un crédit a chuté à son niveau le plus bas depuis 1989, atteignant 41,9%. Ce déclin, qui se poursuit depuis 2008, trouve son origine dans plusieurs facteurs économiques et sociaux, qui influencent désormais les décisions d’achat des Français. Ce constat, tiré d’un rapport de l’Observatoire des crédits aux ménages (OCM), met en lumière les dynamiques contrastées entre les crédits immobiliers et à la consommation, ainsi que l'impact de la crise sanitaire sur les comportements d’emprunt.
1. Les crédits à la consommation en forte baisse
L’un des points marquants de cette étude est la chute continue des crédits à la consommation, qui ont atteint un seuil historiquement bas de 19% en 2024. Ce déclin est alimenté par plusieurs facteurs : une régulation renforcée du marché (notamment la loi Lagarde de 2010), un ralentissement des secteurs de la rénovation, de l’automobile et du logement. Moins d’un ménage sur cinq a désormais recours à ce type de financement, une situation qui reflète aussi une prudence accrue face aux incertitudes économiques. L’utilisation des crédits à la consommation pour financer des biens d’équipement, comme les voitures, est particulièrement touchée par cette tendance.
2. Stabilité des crédits immobiliers malgré un contexte tendu
En revanche, les crédits immobiliers montrent une stabilité relative, avec un taux de détention maintenu à 29,7%. Toutefois, cette stabilisation survient dans un contexte où les intentions de souscription ne retrouvent pas les niveaux d'avant-crise. Bien que les ménages affichent une volonté accrue de se lancer dans des projets immobiliers, l’environnement économique complexe, marqué par des taux d’intérêt en hausse et une instabilité politique, freine la concrétisation de ces projets. Les prévisions de souscriptions pour 2025 restent prudentes, avec une légère remontée, mais loin des niveaux d’avant-crise.
3. Un million de ménages en moins depuis 2020 : un recul rapide et inquiétant
Depuis 2020, la France a observé un déclin de plus d'un million de ménages détenteurs de crédits. Ce recul s'intensifie, surpassant les diminutions observées lors de précédentes périodes économiques difficiles. Bien que l'inflation ait ralenti et que le moral des ménages se soit amélioré, la crainte d’une instabilité sur le marché du travail reste une variable d’influence majeure. La confiance des Français dans la consommation est de plus en plus conditionnée par leur perception de l'avenir économique, ce qui retarde la réalisation de projets importants. Cependant, un léger regain d’optimisme se fait sentir, notamment avec des intentions de souscrire à des crédits à la consommation qui augmentent légèrement pour le premier semestre 2025.
Une mutation des comportements d’emprunt face à un environnement incertain
La diminution de la proportion de ménages recourant au crédit marque un tournant dans les habitudes de consommation des Français. Entre une gestion plus rigoureuse des finances, une régulation plus stricte et un climat économique incertain, les crédits à la consommation sont de plus en plus délaissés, tandis que les crédits immobiliers stagnent. Ce phénomène soulève des questions sur l’évolution future du marché du crédit et l’adaptabilité des consommateurs face aux défis économiques à venir.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français