Taux d'usure et taux des crédits : la hausse se prolonge en septembre 2023
Voilà maintenant plus d’un an que nous enregistrons des relèvements des taux des prêts immobiliers et par ricochet des taux d’usure.
On atteint ainsi, pour le mois de septembre 2023, un taux d’usure pour le crédit immobilier de 5,56 % sur 20 ans.
Et rien ne laisse penser que la tendance s’inversera dans les prochains mois. Une huitième hausse consécutive depuis celles de février, mars, avril, mai, juin, juillet et août 2023.
🔒 Une mensualisation des taux d’usure qui ne débloque pas le marché
Nous l’attendions ! L’annonce des nouveaux taux d’usure pour le mois de septembre, encore à la hausse, n’est une surprise pour personne.
En passant de 5,33 % à 5,56 % (+0,23 % sur un mois), pour des prêts immobiliers de 20 ans et plus (qui correspond à la durée de maturation initiale la plus répandue en France actuellement), les nouveaux taux d’usure auront pris pas loin de 2 pdb depuis le début de cette année 2023. Longtemps accusés (les taux d’usure) à juste titre, de bloquer la production de crédits immobiliers sur le territoire, force est de constater que le bilan, après ces 8 mois consécutifs de remontées des taux d’usure, est sans appel : les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous.
Les marges des banques ont été pendant un temps le principal point de blocage. Aujourd’hui ce seuil de rentabilité n’est plus un sujet. Nous sommes actuellement face à plusieurs autres obstacles : la baisse de pouvoir d’emprunter des Français à cause de la remontée des taux (une perte dans certains cas de plus de 25 % de capacité d’emprunter !), une crainte des mêmes Français face à un avenir incertain (inflation, tensions sur l’énergie et en particulier sur le prix de l’électricité, guerre en Ukraine, etc.), et également, des banques qui restent encore dans des postures d’observation plus que d’action sur cette activité.
📈 Les taux d’usure conso à la traîne
À l’inverse des taux d’usure sur le prêt immobilier, ceux concernant les prêts à la consommation, et en particulier le taux d’usure pour les crédits de plus de 6.000 euros, n’enregistrent qu’une faible augmentation de 0,09 pdb. Cette annonce ne va certainement pas inciter les banques et leurs filiales spécialisées dans le prêt à la consommation, à stimuler leurs offres.
Comme nous l’indiquions dans un précédent article, l’effondrement de la production des prêts à la consommation en France, annoncée au mois d’août, illustre parfaitement la situation tendue dans laquelle les banques et leurs filiales spécialisées en prêt à la consommation se sont retrouvées, avec le resserrement de la politique monétaire par la BCE et les conséquences de l’inflation sur le budget des ménages français.
Au-delà de la contraction des politiques d’octroi des prêteurs, le décalage persistant entre la remontée des taux de refinancement et le faible impact constaté sur les taux d’usure entre le début de cette année et le 1ᵉʳ septembre (en passant de 21,04 % au 1ᵉʳ janvier à 21,61 % au 1ᵉʳ septembre 2023) laisse encore trop peu de place aux établissements de crédit pour assurer leur marge.
🏠 Vers des taux d’usure immo à 6 % ?
En attendant les prochaines réactions de la Banque Centrale Européenne, mais aussi les annonces concernant le niveau d’inflation enregistré en août, nous pouvons d’ores et déjà nous assurer d’un principe : les taux continueront leur ascension de manière irrémédiable, et ce, pendant encore quelques mois a minima.
Christine Lagarde, à l’occasion de la réunion des banquiers centraux à Jackson Hole, aux États-Unis, vendredi dernier, a réaffirmé la volonté de la BCE de poursuivre sans relâche sa politique monétaire restrictive.
Bruno Le Maire, depuis Alex, à l’occasion de sa rentrée politique, jeudi dernier, a tenu à alerter les Français sur les prochaines augmentations des taux. Et les banques de détail françaises, qui distribuent d’ores et déjà leurs grilles de taux pour le mois de septembre, présentent toutes des taux compris entre 4 % et 4,50 %.
Quelques rares enseignes annoncent même des taux nominaux pouvant atteindre 5 % sur 20 ans et plus.
Dans ces conditions, comment ne pas imaginer que les taux d’usure seront sinon en fin d’année, tout au moins avant la fin du premier semestre 2024, autour des 6 %.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français