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Crise de l'immobilier neuf : un redressement long et difficile en perspective
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Crise de l'immobilier neuf : un redressement long et difficile en perspective

Le marché immobilier français traverse une crise sans précédent. En 2024, les chiffres sont alarmants : la production de nouveaux logements a chuté de moitié par rapport à 2022, une tendance qui s'étend au-delà des simples fluctuations économiques. Le secteur de l’immobilier se trouve en pleine contraction, avec une réduction drastique du nombre de logements mis en vente et une chute des réservations, particulièrement chez les particuliers. Ce phénomène pourrait durer encore plusieurs années avant un redressement effectif, avec des impacts à la fois sur la production, les prix et l'ensemble du marché immobilier.

 🏗 La réduction de la production de logements : un phénomène systémique

La crise actuelle a entraîné une chute significative de la production de logements neufs. En 2024, seulement 59 000 nouveaux logements ont été mis sur le marché, soit une baisse de près de 50% par rapport à 2022. Ce ralentissement est dû à une combinaison de facteurs : la hausse des coûts de construction, l’augmentation des taux d’intérêt et la diminution de la demande des acheteurs particuliers. De plus, la crise a conduit de nombreux promoteurs à ralentir leur activité, cessant d'acheter de nouveaux terrains et réduisant leurs effectifs.

Au cœur de cette crise, la production s’est figée, la chaîne de création étant interrompue faute de réservations suffisantes. Le marché immobilier ne parvient pas à redémarrer, les effets de la crise sanitaire et économique s'enchaînant pour former un cercle vicieux difficile à briser.

📉 La diminution des réservations : les particuliers et investisseurs en retrait

Les réservations de logements neufs ont également enregistré une chute importante, avec une baisse de 5% en 2024 par rapport à l’année précédente, ce qui correspond à une baisse de 40% par rapport à 2022. Les particuliers, freinés par la hausse des prix et les difficultés d'accès au crédit, sont de moins en moins enclins à acheter des logements neufs. Ce retrait des acheteurs a un impact direct sur les promoteurs, qui se retrouvent avec un stock important de logements non vendus, qu’ils peinent à écouler.

D’un autre côté, les investisseurs institutionnels, notamment les bailleurs sociaux, ont tenté de compenser la baisse des achats privés. Toutefois, même ces acteurs ont réduit leurs acquisitions au dernier trimestre, avec une baisse de 25% des réservations par rapport au trimestre précédent. La conséquence est une stagnation de la demande, qui renforce l’impasse dans laquelle se trouve le marché immobilier.

📊 Des perspectives de relance lointaines : un retour progressif à la normale

Bien que des mesures aient été proposées dans le budget 2025 pour relancer la demande, les experts restent prudents sur l’ampleur du redressement. Selon Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers, il faudra encore entre deux et trois ans pour remettre véritablement le secteur sur pied. Les mesures mises en place pour aider à relancer l’acquisition de logements sont utiles, mais leur impact ne sera pas immédiat.

En outre, certaines régions, comme l'Île-de-France, la Côte d'Azur et la région frontalière avec la Suisse, connaissent une pression encore plus forte sur l’offre, où les réservations concentrent la majorité des mises en vente. Toutefois, dans les autres grandes villes, le marché reste stagné et ne parvient pas à se rééquilibrer aussi rapidement.

👁 L'œil de l'expert : une relance de long terme

La crise actuelle du marché immobilier nécessitera du temps, beaucoup de temps, et des efforts soutenus pour se résorber. Le redressement du secteur prendra au minimum deux à trois ans, en raison de la lente reprise de la production et des réservations. Il est impératif de bien anticiper les défis à venir et de ne pas s’attendre à une reprise rapide, car cela pourrait entraîner une nouvelle flambée des prix. Les investisseurs, promoteurs et acheteurs devront se préparer à une période de transitions complexes.

Les recommandations pour les acteurs du secteur incluent une vigilance continue sur les tendances économiques, une flexibilité accrue face à la demande, et une gestion proactive du stock de logements. Le marché mettra du temps à se redresser, mais avec une stratégie réfléchie, les acteurs peuvent espérer une stabilisation progressive du marché à moyen terme.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français