Immobilier : 1/3 du nombre de logements disponibles à la location a disparu en 3 ans
Le 29 octobre dernier, RTL diffusait sur son antenne le dernier baromètre Se Loger : une des principales données attendues était le nombre de logements disponibles à la location dans notre pays. Et le constat est sans appel : en 3 ans, notre pays a perdu 32% de son parc. Le moins que l’on puisse dire est que cette annonce illustre la gravité de la crise du logement que notre pays traverse. Et dans le même temps, le prix des loyers augmente logiquement.
🏡 Des biens rares et chers
Chaque année, l’étude de la plateforme Se loger est attendue par celles et ceux qui s’intéressent à l’état du logement en France. Pour ne pas déroger à ce que nous pouvons désormais appeler une tradition, la plateforme a annoncé un nouveau repli du nombre de logements disponibles à la location, en France. Après moins 8% en 2023 et moins 22% en 2022, le marché recule encore de 4,4% sur un an, en 2024. C’est 32% de moins en 3 ans. La conséquence est simple à comprendre : les maisons et les appartements à louer sont devenus extrêmement rares, et aussi plus chers. Ce constat ne concerne pas seulement Paris et la région parisienne, mais le territoire national dans son ensemble.
🔎 Les taux de crédits comme facteur, mais pas que…
Cette raréfaction des biens à louer coïncide avec plusieurs facteurs. Le premier d’entre eux est bien sûr l’augmentation fulgurante des taux de crédits immobiliers (pour faire face à l’époque à l’inflation galopante). Le renchérissement du coût du crédit a alors écarté de nombreux candidats de leur projet d’acquisition. On parle d’une perte de pouvoir d’acheter de l’ordre de 25% quand les taux culminent à 4/4,5%. La suite nous la connaissons : c’est la chute des transactions : - 400.000 en 2022, - 150.000 en 2023 et un atterrissage vraisemblable à moins de 800.000 transactions pour 2024. En conséquence, tous les potentiels primo-accédants qui ne parviennent pas à réaliser leur acquisition, restent dans leur location, entrainant de facto une pénurie sur ce segment. D’autres raisons viennent expliquer cette pénurie historique : la crainte de plus en plus de propriétaires démunis face aux comportements de locataires pas toujours respectueux du bien qui leur est loué. La peur du squatteur est aussi un sujet. Enfin, l’arrivée de la plateforme Airbnb sur le marché français est venue apporter un peu plus de tension sur un marché qui n’en avait pas besoin. Dans le même temps, l’étude de la plateforme Se loger fait état d’une augmentation de la demande de 45% sur les trois dernières années. Cette recrudescence des demandes vient mettre davantage sous tension les candidats à la location qui se retrouvent ainsi, dans bon nombre de cas, en concurrence avec des dizaines d’autres candidats pour le même bien.
💶 Des prix qui augmentent mécaniquement
Et face à une pénurie grandissante des maisons et des appartements disponibles à la location, les prix des loyers augmentent sans surprise. Après 3,6% l’année dernière, le marché prend à nouveau 4% d’augmentation pour 2024. On rappelle que l’inflation sera elle aux alentours de 1% sur un an ; c’est donc 4 fois plus pour le marché de la location immobilière ! Le média donne d’ailleurs un exemple concret pour étayer la situation que nous traversons :
Le loyer moyen pour un appartement de 60 mètres carrés en France passe de 942 à 978 euros. À l'année, cela représente près de 450 euros supplémentaires.
🎯 Les locations de courtes durées dans le viseur
En commission mixte paritaire, ce lundi 28 octobre, les députés et sénateurs sont parvenus à s’accorder sur un projet de texte (La loi dite anti-Airbnb) qui pourrait permettre de supprimer l’avantage fiscal dont jouissent les plateformes et les propriétaires. Ce projet de Loi pourrait participer à l’inversion de la tendance actuelle de cannibalisation d’un bien à louer au profit de ces plateformes et au détriment des locataires de longue durée. Un vote est attendu début novembre au Sénat et à l'Assemblée.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français