Un secteur du logement en pleine crise
La construction de logements à but locatif qui dégringole, l’explosion des taux d’emprunt, la contraction des politiques d’octroi des banques, le renforcement des critères sur les passoires thermiques… Autant de signes qui laissent à penser que le pire est devant nous en termes de logement.
Les mesures prises par le HCSF (Haut Conseil à la Stabilité Financière) avaient été en quelque sorte « précurseurs » de l’effondrement de la production de crédits immobiliers en France, mais on doit admettre que l’explosion des taux d’emprunt est venue définitivement enfoncer le clou.
La production d’encours nouveau est en chute libre dans notre pays et pas seulement, d’autres pays européens comme l’Allemagne par exemple, sont confrontés aux mêmes constats et aux mêmes conséquences. Pour notre seul pays, la production de crédits immobiliers est en chute (accélération de la chute à partir du mois d’avril : -40%).
La situation est encore pire pour les primo-accédants qui essuient des refus dans quasi 100% de leurs demandes. Pour les autres porteurs de projet, ce sont les conditions d’accès au financement qui ont changé : l’augmentation des taux pèse sur le coût du crédit bien sûr, mais aussi sur la capacité d’emprunt. A ce jour, le pouvoir d’achat d’un emprunteur a chuté de 30% !
De ce fait, beaucoup de français renoncent, soit à acheter (ou construire) aussi grand que ce qu’ils pouvaient s’autoriser lorsque les taux (il y a 18 mois) étaient encore sous la barre des 1% ; soit renoncer purement et simplement à leur projet d’acquisition.
👀 Les mauvaises nouvelles s'amoncellent
Dans le même temps, la pression est forte sur le parc immobilier existant. En effet, les critères (justes mais contraignants) qui font passer de plus en plus de logements existant en « passoires thermiques » viennent augmenter le coût des rénovations, voire réduire tout bonnement l’offre du parc locatif. Et dans une période ou de plus en plus de Français préfèrent rester locataires, ça bloque !
On parle même d’une pénurie de logements égale à celle connue après-guerre.
La suppression des enveloppes fiscales (Pinel, PTZ), et la baisse des rendements font fuir les investisseurs. 2024 s’annonce d’ores et déjà comme une année explosive. On estime à plus de 100.000 Français de plus en demande de logement social d’ici la fin de cette année. C’est 20% de plus que la liste d’attente déjà existante (500.000 demandes non satisfaites)
👉🏼 Et la crise économique s’installe
46% : c’est le taux de faillites supplémentaires des entreprises liées au bâtiment, enregistré dans notre pays depuis début 2023 ! On estime jusqu’à quelque 100.000 suppressions d’emplois dans le secteur. Ce n’est pas sans rappeler la situation de 2013. Sans oublier les cessations d’activité en cascade dans le secteur des agents immobiliers, et aussi du courtage en crédits.
Nous ne pouvons également pas ne pas parler des faillites en cascade dans le monde de la distribution de l’habillement (André, Camaïeu, Go Sport, Gap, Kookaï, San Marina, Pimkie, la Halle aux vêtements). Tout comme le sort de l’enseigne Casino et d’une partie de ses magasins qui ne survivront sans doute pas à la prochaine restructuration.
Il est difficile de se projeter sans admettre que les mois à venir seront difficiles dans beaucoup de secteurs.
Cette période sera sans nul doute profitable aux enseignes qui sauront se remettre en question, acceptant de revoir leurs modèles, leurs méthodes, et également la répartition de leurs marges.
Cette crise laissera sans aucun doute des traces indélébiles et laissera place à un monde qui aura inévitablement changé.
Pour du mieux ?
L’histoire nous le dira.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français