Un retournement des tendances de taux pour les prêts immobiliers ?
Après plusieurs mois de stabilité, voire de baisse des taux de crédit immobilier, le marché semble entrer dans une nouvelle phase. Si les prévisions initiales laissaient entrevoir une poursuite de la tendance favorable pour les emprunteurs, plusieurs facteurs économiques et politiques pourraient bien bouleverser cette dynamique, et venir contredire les perspectives présentées par plusieurs experts. En effet, les hausses récentes des taux sur les marchés financiers, combinées à des ajustements internes des banques, pourraient laisser présager des changements importants. Alors, la fin de la baisse des taux est-elle vraiment proche ?
⁉️ Une dynamique incertaine dans les banques
L'un des signes inquiétants pour les emprunteurs réside dans la réaction des banques elles-mêmes. Alors que la fin de l'année 2024 semblait marquer une accalmie et que l'optimisme régnait quant à la stabilité des taux pendant le premier semestre 2025, les derniers événements ont perturbé cette dynamique. L'instabilité économique mondiale, notamment la dégradation de la note de la France par l'agence Moody's, a eu un impact direct sur les taux auxquels l'État français emprunte sur les marchés financiers. Ce taux, qui avait atteint 2,9 % en décembre, est désormais à 3,3 %, ce qui correspond grosso modo au taux moyen des crédits immobiliers sur 20 ans. Cette évolution met une pression considérable sur les marges des banques, qui se retrouvent dans l'incapacité de maintenir les taux bas observés précédemment. Selon Mickaël Le Nezet, président de Sofiap, l'anticipation d'un taux à 2,5 % d'ici la fin de l'année devient de moins en moins probable.
🔧 Les premiers ajustements sur les taux de crédit
Les ajustements des taux de crédit ne sont pas passés inaperçus. Depuis les premières hausses en décembre, )deux grandes banques ont décidé d'augmenter leurs taux, même si l'augmentation reste modeste (+0,05 % à +0,1 %). Cependant, ces hausses, aussi faibles soient-elles, sont perçues comme un signal inquiétant, en particulier pour les ménages qui comptent sur des prêts immobiliers pour leur projet de vie. L'enseigne Finidemepriver.com souligne que ces augmentations affectent une large partie de la clientèle, mais les foyers à revenus plus élevés semblent plus touchés, en particulier en Île-de-France. Si cette tendance venait à se généraliser et si les taux de l'OAT (obligations assimilables du Trésor) restaient élevés à 3,5 %, les banques devraient ajuster leurs offres, entraînant une hausse générale des taux pour l’ensemble des emprunteurs. Cette situation fait peser une inquiétude grandissante sur les futurs acheteurs, déjà confrontés à un marché tendu.
🏦 L’impact de la BCE et des aides publiques
Dans ce contexte de hausse des taux, les emprunteurs pourraient se tourner vers une solution clé : l’intervention de la Banque centrale européenne (BCE). Comme par le passé, un ajustement de la politique monétaire européenne pourrait permettre d'atténuer les hausses des taux de crédit en agissant sur les taux directeurs. Les banques, qui dépendent de ces taux pour ajuster leurs marges, pourraient ainsi être incitées à maintenir des conditions de financement plus favorables. En parallèle, une autre bonne nouvelle pourrait venir en soutien aux primo-accédants : la révision de la politique des frais de notaires. L'ancien premier ministre Michel Barnier avait annoncé une hausse de ces frais de 0,5 %, mais sous la pression, il a renoncé à cette mesure, exonérant notamment les primo-accédants de cette augmentation. François Bayrou, son successeur, a également montré son soutien aux jeunes acheteurs, notamment à travers le maintien du Prêt à taux zéro, une mesure qui pourrait relancer l’accession à la propriété pour les ménages modestes.
👀 Une situation à surveiller
En somme, bien que l'optimisme ait été de mise en début d'année 2024, plusieurs éléments économiques et politiques viennent perturber cette dynamique. Les hausses récentes des taux des crédits immobiliers, couplées à des tensions sur les marchés financiers, placent les banques dans une position délicate, ce qui pourrait aboutir à des hausses de taux généralisées. Toutefois, l’intervention possible de la BCE et les soutiens publics aux primo-accédants laissent entrevoir des solutions qui pourraient contrebalancer cette tendance. Pour les emprunteurs, la situation reste incertaine, et il est essentiel de suivre de près l’évolution des taux et des politiques publiques dans les mois à venir.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français