Mutuelles sous pression : vers la fin d’un système coûteux et inégalitaire ?
Alors que les Français ont subi une nouvelle hausse des tarifs des complémentaires santé en 2025, la légitimité même du système des mutuelles est de plus en plus remise en question. Face à des remboursements en baisse, des coûts de gestion élevés et une couverture inégalitaire, de nombreuses voix s’élèvent pour envisager une transition vers une Sécurité sociale universelle et intégrale. Derrière cette réflexion se cache un enjeu de justice sociale, d’efficience économique et de simplification du parcours de soins.
⚙️ Une mécanique de plus en plus coûteuse pour des garanties en recul
Pour la troisième année consécutive, les cotisations aux mutuelles santé ont augmenté en 2025. En parallèle, les prestations couvertes se réduisent progressivement. Le président de la Fédération de la Mutualité française, Éric Chenut, a confirmé une orientation claire vers une réduction des remboursements, évoquant par exemple l’espacement envisagé des renouvellements pour les équipements optiques (deux à trois ans pour les lunettes) ou auditifs (de quatre à cinq ans pour les prothèses).
Ces arbitrages budgétaires interviennent dans un contexte où les complémentaires santé peinent à maintenir un équilibre financier. Toutefois, leur logique de fonctionnement continue de faire débat. Un rapport de la Cour des comptes dès 2021 pointait un système jugé "coûteux et inéquitable", où la superposition des dispositifs – Assurance maladie et mutuelles – engendre des doublons et des surcoûts sans réelle valeur ajoutée pour les assurés.
⚖️ Une gestion inefficiente et un accès inégal à la couverture santé
Le modèle dual actuel, combinant Sécurité sociale et complémentaires santé, se distingue par des frais de gestion particulièrement lourds côté mutuelles. Ceux-ci représentent entre 16 et 23 % de leurs dépenses, contre seulement 4 % pour la Sécurité sociale. Une distorsion soulignée par l’économiste Nicolas Da Silva, qui précise que « les complémentaires ne bénéficient pas des effets du monopole de l’Assurance-maladie », ce qui compromet leur capacité à rationaliser leurs coûts.
Ce modèle a aussi un coût social. En 2022, selon les données de l’Irdes (Institut de recherche et de documentation en économie de la santé), environ 4 % de la population française, soit 2,6 millions de personnes, ne disposaient d’aucune complémentaire santé, faute de moyens. Cette situation alimente les inégalités d’accès aux soins et contribue à un renoncement croissant à certaines prestations médicales.
Des chercheurs et économistes de la santé, comme Christophe Ramaux, maître de conférences à la Sorbonne, questionnent ouvertement la pertinence du système actuel : « Pourquoi payer avec deux organismes le même soin ? ». Une interrogation simple, mais structurante, qui alimente le débat sur un basculement vers un modèle 100 % Sécurité sociale, plus lisible, plus équitable et potentiellement plus économique à long terme.
👁 L'œil de l'expert : vers une réforme structurelle de la couverture santé ?
Face à un système de mutuelles en perte de sens et d'efficacité, la perspective d'une couverture santé intégralement publique gagne du terrain. Si une telle réforme impliquerait une augmentation des cotisations sociales, elle pourrait, à terme, alléger la facture globale des assurés tout en améliorant l'accès aux soins pour les plus vulnérables. Une évaluation rigoureuse des coûts et bénéfices d’un modèle 100 % Sécu peut donc avoir du sens. En parallèle, des mesures transitoires pourraient inclure la régulation des frais de gestion des complémentaires, l’harmonisation des niveaux de couverture ou la création d’un socle commun universel. L’enjeu est clair : garantir une santé accessible, juste et soutenable pour tous.
À propos de l'auteur
Responsable du développement commercial au sein du Groupe Win'Up, Vanessa accompagne des entrepreneurs dans leur projet de création et participe au développement de la notoriété des enseignes du groupe. Sensible aux sujets économiques et financiers, Vanessa partage son avis sur les actualités.