Les Français arbitrent de plus en plus sur leurs achats alimentaires
Dans une période d’inflation inédite (depuis un an et demi) durant laquelle les prix alimentaires ont emboîté le pas aux prix de l’énergie, en galopant de près de 18% depuis fin 2021, les ménages français ont revu leur mode de consommation, en achetant moins, et en changeant aussi leurs habitudes.
🛒 Consommer moins et consommer autrement
Selon l’Insee (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) alors que les prix ont flambé dans l’hexagone (entre autres) entre le dernier trimestre 2021 et le second trimestre 2023 (+18,4%), les ménages français ont été contraints de revoir leur mode de fonctionnement en passant d’une consommation « décomplexée » à un comportement d’achat « réfléchi » (achat de produits essentiels uniquement).
Résultat : selon l’Insee, les dépenses alimentaires n’ont augmenté « que » de 4,2% dans la même période.
🥑 Baisse des achats alimentaires de 11,4% !
Toujours selon l’INSEE, l’inflation pousse les Français à fortement limiter leurs achats. L’institut de statistiques précise que sur la période allant de fin 2021 à fin juin 2023, le changement de comportement des Français s’illustre par une baisse inédite depuis les années 80, de -11,4% des volumes alimentaires achetés par nos concitoyens !
Mieux, les professionnels de la grande distribution constatent un repli des achats vers les marques « premier prix », ou encore « marques distributeurs » ; ou encore une chute des volumes vendus de plus en plus tôt dans le mois, signe que les ménages ont davantage de difficultés à boucler les fins de mois.
La situation profite également aux enseignes de hard-discount avec des consommateurs qui se tournent de plus en plus nombreux vers ces magasins.
❌ Sauter des repas pour « maîtriser son budget »
Dans un sondage de l’IFOP paru avant l’été, la moitié du panel ayant répondu affirmait avoir déjà renoncé à l’achat d’un produit alimentaire, soit « souvent », ou encore « de temps en temps ».
Et c’est près de 30% des sondés qui avouaient même « sauter un repas régulièrement ». Les résultats de ce sondage ne sont pas une surprise quand nous savons que la crise énergétique et politique de l’année dernière a aussi contraint les Français à des arbitrages comme celui de consommer moins de produits alimentaires pour être en capacité de payer l’électricité ou encore le chauffage.
Cette situation aura aussi eu pour conséquence d’accroître mécaniquement la précarité. Une enquête du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) publiée en mai 2023 a révélé que la précarité alimentaire était passée de 12 % à 16 % au second semestre 2022. Ce ne sont pas loin de 2,4 millions de personnes qui auront été accompagnées en 2022 !!!
Les populations les plus touchées sont les jeunes, les femmes, et les classes les plus pauvres.
✚ Des aides pas simples à mettre en place
Cheval de bataille de Bruno Lemaire, la lutte contre l’inflation a pris plusieurs formes comme le chèque alimentaire testé localement sur le département de la Seine-Saint-Denis.
Mais c’est surtout le « panier anti-inflation » qui aura marqué les esprits.
Le panier anti-inflation est supposé contenir des articles d'hygiène, des surgelés et des aliments ayant un intérêt pour la santé. Malheureusement, peu d’industriels semblent jouer le jeu. Au grand dam de Bercy, mais aussi des distributeurs eux-mêmes.
Seul espoir, un reflux des prix qui se confirme (après les bonnes nouvelles de mai et juin) à partir de la rentrée. Également, pour les ménages qui sont éligibles, l'allocation de rentrée scolaire (Ars) sera d’un recours non négligeable.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français