Retraites : la situation est critique selon la Cour des Comptes
La réforme des retraites de 2023 continue de faire débat, et les récentes conclusions de la mission flash de la Cour des comptes viennent alimenter ce tourbillon de discussions. Dans un contexte où les partenaires sociaux doivent se réunir pour revoir les ajustements nécessaires, ce rapport met en lumière les défis financiers auxquels le système est confronté, tout en offrant des pistes de réflexion pour pérenniser l’équilibre financier des retraites.
⛓️💥 Un excédent apparent, mais des disparités inquiétantes
Malgré un excédent de 8,5 milliards d'euros pour l’année 2023, en grande partie dû à l’inflation, la Cour des comptes pointe des disparités significatives entre les différents régimes. Certains, comme celui des fonctionnaires et des hospitaliers, sont déficitaires, tandis que des régimes complémentaires comme l’Agirc-Arrco sont excédentaires. Avec des dépenses annuelles s’élevant à environ 390 milliards d'euros, représentant 14 % du PIB, la France consacre une part de son économie bien plus élevée que d’autres pays européens pour financer ses retraites. Cette situation soulève des interrogations sur la soutenabilité à long terme du système, même avec des excédents ponctuels.
⌛️ Des projections financières inquiétantes à moyen et long terme
Le rapport de la Cour des comptes présente des prévisions alarmantes pour les années à venir. Si les gains de productivité restent faibles et que le taux de chômage diminue lentement, le déficit atteindrait 31,6 milliards d'euros d'ici 2045. Ces chiffres montrent que, malgré les ajustements déjà opérés, le vieillissement de la population et l’allongement de la durée de la retraite exercent une pression de plus en plus lourde sur les finances publiques. La situation se détériore notamment à cause de l’augmentation du nombre de retraités et de la durée de vie post-retraite, estimée à 24,5 ans pour ceux nés en 1980.
🕹 Les leviers à activer : âge de départ et durée de cotisation
Dans le but d’éviter une aggravation du déficit, plusieurs leviers sont proposés. L’augmentation de l’âge légal de départ à la retraite est le levier qui produirait les effets les plus rapides. Si l’âge était repoussé à 65 ans pour les générations nées entre 1964 et 1968, cela générerait un impact positif de 17,7 milliards d'euros sur les finances publiques en 2035. D’autres ajustements, comme l’allongement de la durée de cotisation, auraient des effets à plus long terme, mais moins immédiats. La réduction de la durée de cotisation de 43 à 42 ans, par exemple, engendrerait un manque à gagner pour les finances publiques de plus de 7 milliards d'euros à court terme. Cependant, l’extension de la durée de cotisation pourrait, à terme, rapporter 9,7 milliards d'euros en 2035, soulignant l'importance de cette solution sur le long terme.
🤔 Réflexion sur les recettes : cotisations et pensions
Les autres pistes incluent une révision du taux de cotisation, qui pourrait générer entre 4,8 et 7,6 milliards d'euros supplémentaires pour le système des retraites. Par ailleurs, une sous-indexation des pensions pourrait permettre de réaliser une économie de près de 3 milliards d'euros sur l’année de référence. Ces ajustements sur les recettes ont pour objectif de maintenir l’équilibre financier sans trop pénaliser les retraités actuels.
👁 L'œil de l'expert : adapter les leviers à court et long terme
Face à une situation financière complexe, le système des retraites nécessite une réflexion approfondie sur les ajustements à mettre en place. L'augmentation de l’âge de départ à la retraite, combinée à des ajustements sur la durée de cotisation, apparaît comme les solutions les plus efficaces à court terme pour garantir la pérennité du système. Toutefois, des mesures supplémentaires sur les recettes, telles qu'une révision du taux de cotisation ou de l'indexation des pensions, devront être envisagées pour éviter un déséquilibre financier à long terme. Le débat qui s'ouvrira le 27 février doit permettre de préciser ces pistes et d'adopter des solutions équilibrées.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français