Ecart de taux entre la France et l’Allemagne : un signal d’alerte pour l’économie française
L’écart de rendement entre la dette souveraine française (OAT) et allemande (Bund) à 10 ans a atteint 90,3 points de base mercredi 27 novembre 2024, un niveau inédit depuis 2012. Cet écart, qui mesure la prime de risque exigée par les investisseurs pour prêter à la France plutôt qu’à l’Allemagne, traduit une forte inquiétude quant à la trajectoire budgétaire française et les incertitudes politiques.
🔎 Des investisseurs pendus à l'actualité politique de notre pays
Les tensions politiques autour du projet de loi de finances pour 2025 sont devenus le facteur central de cette situation décidément inconfortable. Après son rejet à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Michel Barnier s’apprête à recourir à l’article 49.3 pour faire adopter le budget sans vote, ce qui pourrait déclencher une motion de censure. Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement National, a d’ailleurs averti qu’elle voterait contre le gouvernement si le budget venait à réduire le pouvoir d’achat des Français.
Ces incertitudes politiques, combinées à un déficit public élevé (6,1 % du PIB en 2024) et des rendements obligataires français proches de ceux de la Grèce (3,024 % contre 3,044 % en milieu de semaine), alimentent légitimement les inquiétudes des marchés. Cette situation expose la France à des turbulences financières, selon les avertissements de Michel Barnier, pour qui un vote de censure entraînerait une "tempête économique".
⚠️ Une pression accrue sur les banques et les marchés
Ces inquiétudes se sont traduites, sans attendre, par une chute des valeurs bancaires mercredi : Société Générale a perdu 3,42 %, BNP Paribas 1,01 % et Crédit Agricole 1,37 %. Le CAC 40, quant à lui, a reculé de 0,80 %, signe que les investisseurs intègrent déjà le risque politique et économique croissant pesant sur l’économie française.
🚨 Un signal préoccupant pour la zone euro
Au-delà des risques propres à la France, l’élargissement de l’écart entre l’OAT française et le Bund allemand reflète une fragilité accrue pour la zone euro. En 2012, cet écart était compensé par la solidité économique de l’Allemagne, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Avec une Allemagne en ralentissement économique et une Europe confrontée à des défis structurels, cette divergence de rendements pourrait éroder la confiance des investisseurs dans la monnaie unique.
À cela s’ajoute une menace immédiate : la décision imminente de S&P sur la note de la dette française. Bien que les perspectives "négatives" attribuées par Moody’s et Fitch aient jusqu’ici eu peu d’impact sur les taux, une dégradation pourrait renforcer les pressions sur les finances publiques françaises.
Avec une dette élevée, une croissance économique ralentie et des tensions politiques internes, la France se trouve à un carrefour critique. La gestion de ces risques dans les semaines à venir sera déterminante pour la stabilité économique et financière, tant nationale qu’européenne. Une fin d'année déjà décisive pour 2025.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français