BCE : Vers une nouvelle hausse des taux jeudi ?
La zone Euro est entrée en récession après une nouvelle contraction de son PIB (Produit Intérieur Brut) de 0,1% sur le premier trimestre 2023 (déjà en recul sur le dernier trimestre 2022), et l’inflation se tasse mais ces facteurs ne devraient pas faire plier la BCE* dans sa politique monétaire rigoriste. La BCE attend des « signes probants » de l’endiguement de l’inflation pour accepter une pause dans la politique de relèvement des taux directeurs, engagée depuis l’année dernière.
👉🏼 Des hausses répétées
Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, déclarait dans une interview publiée le 7 juin par le quotidien belge l'Echo que la Banque Centrale Européenne attendait des « signes probants » montrant que l'inflation « revient au plus tôt et durablement » à l'objectif de 2%. On peut donc s’attendre à ce que la BCE remonte une nouvelle fois ses taux, le 15 juin prochain. Et nous pouvons nous attendre à d’autres relèvements au cours de l’été prochain.
Le recul de l’inflation (6,1% en mai contre 10,6% en octobre 2022), tout comme l’entrée en récession de la zone Euro ne seront pas suffisants pour attendre quelques assouplissements de l’institution. Alors que la FED américaine devrait annoncer une pause dans sa politique monétaire restrictive, la BCE ne compte pas s’arrêter là :
Nous n’en sommes pas encore là, précise Isabel Schnabel.
⏳ Et durables
On s’attend donc à un probable rehaussement des taux de +0,25%, ce qui porterait le taux de dépôt à 3,50%. Et comme nous l’indiquions plus tôt, nous pensons que d’autres rehaussements interviendront dans les prochains mois. Cette remontada à marche forcée fait suite à des années d’argent bon marché. Elle intervient pour contrer l’envolée des prix que la zone Euro (entre autres) connaît depuis la crise sanitaire, et plus récemment accentuée par le conflit ukrainien.
Et nous avons tout lieu de penser que cette période de politique monétaire restrictive devrait durer dans le temps. C’est ce que semble indiquer le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy :
La durée durant laquelle nous maintiendrons les taux est maintenant plus importante que le taux terminal précis que nous atteindrons
😰 Des craintes sur l’inflation
Malgré des prévisions de baisse continue de l’inflation en zone Euro jusqu’à atteindre un plancher à 2,1% en 2025 (après un taux de 5,3% en 2023), la BCE continue d’explorer de potentiels foyers inflationnistes. Dans une zone Euro qui connaît son plus bas taux de chômage (6,5%), les économistes craignent que les salariés profitent des tensions sur le marché de l’emploi pour négocier des augmentations de salaires, venant ainsi compenser leur baisse de pouvoir d’achat conséquente à la poussée inflationniste. Marie-Christine Lagarde précise d’ailleurs, à qui veut l’entendre, que :
Rien ne prouve clairement que l'inflation sous-jacente ait atteint un pic.
Et même si la baisse consécutive depuis 6 mois du PIB en zone Euro pouvait laisser espérer une potentielle détente de la politique monétaire, les enjeux sont aujourd’hui trop importants pour que la BCE prenne le risque de ne pas atteindre ses objectifs à deux ans.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français