Qu'est ce qui pousse les Français vers le découvert récurrent ?
Nous avons déjà abordé ce sujet dans un précédent article (https://www.creditnews.fr/economie/inflation/budget-un-francais-sur-quatre-a-decouvert-a-partir-d-aujourd-hui) : un phénomène inquiétant se dessine dans la gestion financière des ménages français avec un quart de la population qui se retrouve régulièrement à découvert, et ce dès le 16 du mois en moyenne. L'étude menée par CSA Research pour le comparateur Lesfurets.com, révélée en janvier 2025, met en lumière une situation alarmante qui touche plus de 22 % des Français, souvent en raison de dépenses contraintes élevées et d’une gestion difficile du budget familial. Cette situation souligne des enjeux structurels dans l’organisation des finances personnelles, ainsi qu’un contexte économique de plus en plus difficile à gérer.
👨👩👧👦 Les catégories les plus touchées par le découvert bancaire
Les jeunes adultes et les familles avec enfants sont particulièrement vulnérables à cette pression financière. En effet, près de 30 % des 18-24 ans et 35 % des 25-34 ans se retrouvent chaque mois dans le rouge, une tendance qui s’explique par des revenus souvent précaires ou instables. Les parents, notamment ceux ayant des enfants de moins de 15 ans, sont également très exposés à ce phénomène, avec 34 % d’entre eux déclarant un découvert récurrent. Comme on le précisait par ailleurs, cette situation est d’autant plus marquée dans certaines régions comme la Bourgogne-Franche-Comté et les Hauts-de-France, où la proportion de ménages concernés par le découvert atteint respectivement 38 % et 34 %.
Le constat est sans appel : plus de la moitié des découverts bancaires se produisent dès la première quinzaine du mois. Les jeunes, en particulier ceux locataires, représentent une part importante des foyers touchés. La pression liée aux dépenses quotidiennes, telles que le logement, l’énergie et l’alimentation, rend la gestion de la trésorerie de plus en plus complexe.
🔌 Les dépenses contraintes : des charges qui accablent les ménages
L’une des principales raisons de cette précarité financière réside dans les dépenses dites "contraintes", qui absorbent une part importante du revenu des Français. Les loyers, les factures d’énergie, les abonnements divers et les assurances représentent souvent plus d’un tiers des revenus des foyers. Ces charges incompressibles, couplées à une fiscalité élevée, limitent les possibilités d’épargne ou de dépenses discrétionnaires.
Par exemple, les taxes sur les carburants, qui constituent environ 60 % du prix à la pompe, sont un véritable fardeau pour les consommateurs. Ce poids fiscal contribue largement à l’érosion du pouvoir d’achat, rendant les familles plus vulnérables face à des dépenses imprévues. De plus, le logement, avec son coût de plus en plus élevé, est une source de pression constante. Les locataires sont particulièrement affectés par cette réalité : 33 % d’entre eux connaissent des découverts presque chaque mois, contre 17 % chez les propriétaires.
💡 Vers des solutions, mais pour quel impact réel ?
Bien que des solutions existent pour alléger le poids des dépenses, elles demeurent insuffisantes face à l’ampleur du phénomène. Par exemple, depuis la loi Hamon de 2015, les Français peuvent résilier facilement leurs contrats d’assurance, d’énergie ou de mutuelle, ce qui permet parfois de réaliser des économies. Cependant, ces mesures restent limitées car les économies réalisées sont souvent minimes, la plupart des opérateurs proposant des tarifs similaires. Le regroupement des crédits peut aussi être une autre solution efficace : en rassemblant tous les crédits en un seul, sur une durée de remboursement plus longue, les ménages français peuvent “alléger” la charge de leurs remboursements mensuels et ainsi retrouver une marge d'action (zéro découvert, possibilité d'épargner, capacité retrouvée dans l'arbitrage de certains achats). Dans certains cas, le rachat de crédits peut être combiné au financement d'un projet sans altérer la fin de mois.
Les experts s’accordent également sur la nécessité d’une meilleure éducation financière, permettant aux ménages de mieux anticiper leurs dépenses et de gérer les imprévus. C'est d'ailleurs un sujet repris par l'enseigne Crédit Conseil de France qui en fait un de ses fils rouges 2025. Consciente de son rôle à jouer dans l'apprentissage des plus jeune, l'enseigne rennaise a développé des outils digitaux pour faciliter l'acquisition des connaissances financières par nos plus jeunes.
Pourtant, face à une pression fiscale élevée et une stagnation des salaires, ces efforts risquent de rester insuffisants. En effet, une grande partie du salaire des Français est captée par des cotisations sociales et des impôts directs et indirects, limitant ainsi leur capacité à épargner ou à faire face à des dépenses urgentes. Un allégement des charges fiscales, notamment sur la fiscalité indirecte et les charges salariales, pourrait offrir un soulagement substantiel pour de nombreux foyers en difficulté.
🪄 Une question de réformes structurelles
on le distingue clairement, la problématique des découverts bancaires en France dépasse largement la simple question de la gestion budgétaire individuelle. Elle révèle des défis structurels plus vastes, tels que les dépenses contraintes, la fiscalité élevée et l’accessibilité au logement. Bien que des solutions pratiques existent, telles que la résiliation des contrats, le rachat de crédits ou encore l’éducation financière, elles demeurent insuffisantes sans réformes économiques et fiscales de grande ampleur. La réduction des charges fiscales et une meilleure gestion des inégalités économiques pourraient permettre aux ménages de respirer un peu plus facilement et d’éviter le piège des découverts mensuels.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français