La chute des biens à louer s'accentue
60% en 5 ans.
C’est la chute du nombre d’annonces de location dans notre pays selon la Fédération Nationale de l’Immobilier (FNAIM).
Les agences immobilières se retrouvent face à des demandes de locations pour lesquelles elles n’ont pas de produit. Les candidats à la location se résignent pour certains à adapter leur dossier de candidature pour améliorer leurs chances de décrocher le graal.
Les tensions sur ce marché semblent être ancrées dans notre paysage et enfoncent encore un peu plus notre pays dans une crise du logement sans précédent.
⚠️ Chute des annonces de location
Depuis 2019, la chute des annonces de location en volume atteint des records atteignant moins 60%.
2019 a été la dernière année stable du point de vue du marché de l’immobilier avant l’arrivée de la crise sanitaire liée au Covid-19, puis de la crise actuelle du logement, explique Régis Sébille, le responsable des datas pour Bien’ici, relayé par le journal Capital.
Depuis cette année charnière, notre pays aura traversé une crise sanitaire et la « migration » de nombreux français vers des zones péri-urbaines offrant des espaces extérieurs, entraînant des changements sur le marché de l’immobilier.
Mais ce sont surtout les bouleversements liés au crédit qui auront fortement perturbé ce marché de l’immobilier : les normes du HCSF freinant la distribution du crédit, la hausse du coût du crédit (avec des taux passant de 1 à 4% en quelques mois), et des prix de l’immobilier restés très élevés, démotivant ceux qui nourrissaient un projet d’acquisition.
La succession de ces évènements aura finalement bloqué les primo-accédants dans leurs projets d’acquisition (-20% de ventes immobilières en 2023), les forçant par la même occasion à reporter leur achat et à donc rester locataires encore quelques années.
Par ricochet, les nouveaux arrivants sur le marché de la location se trouvent mécaniquement avec une offre qui se raréfie.
💶 Et augmentation du parc de biens à vendre
Parallèlement à la baisse des annonces de locations immobilières, le nombre de bien à vendre ne cesse d’augmenter. Ainsi, on constate une augmentation très nette du nombre de biens mis en vente sur le marché domestique.
L'offre de biens a ainsi progressé de près de 25% sur l’exercice 2023, par rapport à 2022, portée entre autre par une franche poussée de l’offre sur les petites surfaces, sur un an.
Là encore, cette croissance du nombre de biens mis en vente altère mécaniquement le marché de la location car ce sont autant de maisons en vente qui ne sont plus louées.
La raison principale est là aussi assez simple (et nous avions projeté cette situation dans un précédent article) : certains logements avec une trop forte consommation d’énergie, dites passoires thermiques, sont interdits à la location depuis le 1er janvier 2023.
Et le calendrier ne s’arrête pas là : tous les logements notés G sur le DPE (diagnostic de performance énergétique) à partir de 2025, puis les F après 2028 seront aussi sortis du parc à louer.
Beaucoup de propriétaires ont ainsi retiré ces biens du marché locatif, et ont préféré les mettre en vente au cours des derniers mois, décrypte ainsi Régis Sébille pour le journal Capital.
Les communes de Marseille, Nice, Paris, Caen ou encore Rennes sont tout particulièrement touchées par ce phénomène. Loïc Cantin, président de la FNAIM (Fédération nationale de l’immobilier) précise :
Avec le blocage du marché de la transaction, la pénurie de biens à vendre s’est résorbée, mais s’est transformée en pénurie de biens à louer.
🎢 Et une montée du prix des locations
Enfin, la description de la situation ne serait pas complète si nous n’abordions pas les conséquences de ce déséquilibre entre l’offre des propriétaires et la demande des locataires sur le marché de la location.
Face à une pénurie des biens à mettre en location, le prix des loyers augmente, rendant l’accès aux locations encore plus complexe pour bon nombre de prétendants.
Pour exemple, certaines cités ont connu une très forte inflation de leurs loyers en 2023. C’est le cas pour des villes comme Nice (+4,5%), Le Mans (+5,6%) ou encore Saint-Étienne (+7,1%).
La FNAIM (Fédération nationale de l’immobilier) a également mesuré, sur les cinq dernières années, une poussée des loyers moyens de 8,2% à Nantes, de 10,4% à Lyon, ou encore de 21,2% à Angers !
Dans le contexte général que nous connaissons, cette situation pourrait donc bien durer et aggraver les conditions d’accès aux locations, avec comme principale population touchée les primo-locataires, c’est-à-dire les Français qui cherchent à louer leur premier bien immobilier.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français