MaPrimeRénov’ en 2025 : un dispositif qui a du plomb dans l'aile
Depuis sa création en 2020, MaPrimeRénov’ a été un levier majeur pour la transition énergétique en France, permettant à de nombreux foyers de financer des travaux de rénovation énergétique. Cependant, 2025 marque une nouvelle étape pour ce programme, avec une réduction budgétaire importante qui pourrait mettre en péril ses objectifs. Après une première réduction en 2024, la dotation de cette aide est désormais réduite à 1,6 milliard d’euros, bien loin des 4,5 milliards d'euros initialement prévus. Ces ajustements, en ligne avec les efforts de baisse des dépenses publiques, ont des conséquences multiples, tant sur les bénéficiaires que sur les professionnels du secteur.
🪫 Une baisse de budget préoccupante
L’un des principaux changements liés à la réforme de MaPrimeRénov’ en 2025 est la diminution substantielle de son budget, qui s’élève désormais à 1,6 milliard d’euros, contre 4,5 milliards en 2020. Cette réduction intervient dans un contexte de restriction des finances publiques, avec un objectif global de réduction de 32 milliards d’euros des dépenses publiques. Bien que la réforme vise à concentrer les moyens sur des projets de rénovation plus ambitieux, elle suscite de vives inquiétudes parmi les acteurs du secteur. Les professionnels du bâtiment et les associations de consommateurs redoutent qu’elle n’aggrave la précarité énergétique et ralentisse la transition écologique en excluant de nombreux foyers modestes qui ne pourront plus bénéficier des financements pour des travaux d’amélioration énergétique simples.
🌀 Un recentrage sur les rénovations globales : une approche critiquée
Pour compenser cette baisse de financement, le gouvernement entend privilégier les rénovations globales, celles qui englobent plusieurs types de travaux, comme l’isolation thermique combinée à des changements de système de chauffage. Ces rénovations globales permettent d’obtenir des gains énergétiques plus importants. Cependant, cette orientation pourrait désavantager les foyers aux ressources limitées, qui préfèrent souvent réaliser des travaux partiels, plus abordables. Dès lors, des gestes tels que l’installation d’une pompe à chaleur ou l’isolation des combles seront désormais financés par le biais des certificats d’économies d’énergie (CEE), un autre dispositif. Bien que cette réorientation vise à maximiser l’impact environnemental, elle pourrait renforcer les inégalités en laissant de côté les ménages les plus vulnérables.
⛔️ Des paiements suspendus : un impact sur les ménages et les professionnels
En plus de la réduction des crédits alloués à MaPrimeRénov’, un autre facteur complique la situation : le blocage des paiements des aides depuis le début de l'année 2025, en raison de l'absence d’un budget voté pour l’année. Bien que les demandes d’aide demeurent ouvertes, les délais de traitement et de versement sont considérablement allongés, affectant ainsi la réalisation des projets de rénovation. Ce retard a des conséquences directes sur les ménages et les professionnels du bâtiment, avec des risques d’impayés et une paralysie partielle du secteur. La Fédération française du bâtiment et la Capeb expriment leur inquiétude face à la stagnation de l’activité dans un secteur essentiel, représentant 30 milliards d’euros en 2023, et soulignent que ces blocages administratifs pourraient accroître le non-recours aux aides, ralentissant ainsi la transition énergétique.
⚠️ Une concentration des aides sans doute très risquée
MaPrimeRénov’, qui a représenté un pilier pour l’accès à la rénovation énergétique, traverse donc une période délicate. Si l’objectif de rationaliser les dépenses et de concentrer les ressources sur des projets plus ambitieux est compréhensible, les conséquences de ces ajustements risquent de fragiliser la dynamique de rénovation énergétique, en excluant les foyers les plus vulnérables et en perturbant l’activité du secteur. Le gouvernement devra rapidement revoir les modalités de mise en œuvre de ces réformes afin d’éviter de nuire à la transition énergétique et de creuser encore davantage les inégalités liées à la précarité énergétique.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français