Crédits immobiliers : retour en force du marché avec 10,7 milliards d'euros prêtés en février
Le marché immobilier semble amorcer une reprise timide après une période extrêmement difficile. En février, les banques ont octroyé plus de 10 milliards d'euros de crédits immobiliers, marquant ainsi un record depuis deux ans, selon les données récentes de la Banque de France. Si cette tendance est encourageante, elle intervient après des mois de recul et dans un contexte où les taux d'intérêt, bien que modérés, restent relativement élevés. Loin d'être un signal de retour à la normale, cette dynamique est influencée par plusieurs facteurs économiques, notamment les ajustements des taux d'intérêt et les prix immobiliers qui peinent à baisser.
📊 Une reprise mesurée du marché immobilier, mais des défis demeurent
Le montant des crédits immobiliers distribués en février 2025 a atteint 10,7 milliards d'euros, un léger rebond par rapport aux 9,9 milliards de janvier, et bien supérieur au creux historique de février 2024 qui était de 6,9 milliards d'euros. Ce chiffre marque un regain d'activité par rapport aux mois précédents, mais reste bien en deçà des niveaux pré-pandémie. Comme l'indique Fabien MONVOISIN, CEO de Crédit Conseil de France :
Ce retour en force du marché de l'immobilier est une très bonne nouvelle, mais surtout ne crions pas victoire et restons très prudents. Les taux d'intérêt restent sur un point toujours trop haut pour de nombreux ménages français, pour qui la question du coût total du crédit demeure un obstacle majeur.
La moyenne des taux d'intérêt a légèrement diminué, s’établissant à 3,27 % en février, hors frais et assurances précise la Banque de France. Cependant, en tenant compte de tous les frais, les taux pour des prêts à long terme (20 ans et plus) ont atteint 3,98 % au premier trimestre 2024. Cela reste bien au-dessus des niveaux historiquement que nous avons connu il y a quelques années ; et cela reste un élément dissuasif pour de nombreux acheteurs potentiels. La forte hausse des taux depuis 2022 a porté le coût des crédits à un niveau élevé, ce qui, malgré une légère décrue, continue de peser sur les finances des emprunteurs. Pour un prêt de 100 000 euros sur 20 ans, le coût total atteint environ 45 000 euros sur la durée du crédit, ce qui reste un facteur contraignant pour de nombreux candidats à l’achat immobilier.
🏷 Des prix immobiliers résistants et un contexte économique complexe
Bien que les taux aient légèrement reculé, les prix des biens immobiliers n’ont que peu évolué, voire restent élevés, ce qui complique davantage la situation pour les emprunteurs. Selon les experts, cette situation constitue un défi majeur pour le marché immobilier, car l’équation entre des taux d’intérêt plus élevés et des prix de l’immobilier encore soutenus reste difficile à équilibrer. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a évoqué en mars que "beaucoup de signes positifs aujourd'hui laissent présager une meilleure dynamique pour le crédit immobilier", notamment grâce à la baisse des taux par la BCE. Cependant, il est encore trop tôt pour affirmer qu’une véritable reprise durable s’est installée.
En effet, malgré un léger rebond des volumes de prêts, le marché reste convalescent, avec un volume de crédits immobiliers ayant chuté l'année dernière à son plus bas niveau depuis 2014. Cette situation a été exacerbée par un environnement économique global incertain, marqué par des hausses successives des taux d'intérêt et des prix de l'immobilier qui stagnent. La demande est donc toujours contenue, car de nombreux ménages sont freinés par la combinaison de taux d’intérêt élevés et de prix d’acquisition élevés.
👁 L'œil de l'expert: de nombreux défis restent à relever
Si la reprise du marché du crédit immobilier en février est un signe positif, il demeure des défis importants à surmonter pour garantir une véritable relance du secteur. Les emprunteurs doivent naviguer dans un environnement de taux d'intérêt encore élevés, bien qu'en recul, et des prix immobiliers qui n'ont pas suffisamment baissé pour alléger la pression sur le pouvoir d'achat. Et que dire de la situation politique incertaine dans notre pays, qui ne peut qu'altérer la confiance des porteurs de projets immobiliers. Dans ce contexte, les acteurs du marché immobilier devraient se concentrer sur la flexibilité des offres de crédit, l'accompagnement des emprunteurs et une meilleure gestion des risques économiques pour garantir une stabilité durable. De leur côté, les autorités monétaires et économiques doivent rester vigilantes et prêter attention aux impacts sociaux et économiques d'une politique monétaire toujours restrictive.
À propos de l'auteur
Conseiller financier chez FiniDeMePriver.com depuis près de 2 ans, Enzo Poulain met son expertise au service de ses clients en leur proposant des solutions sur mesure pour optimiser leur budget et simplifier la gestion de leurs finances. Doté d’un sens aigu du détail et d’un réel engagement pour le travail bien fait, Enzo partage également des astuces pratiques pour aider chacun à maintenir un budget équilibré et adapté à ses besoins.