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Photo de bocaux à confiture, en verre, prêt au réemploi, grâce à la consigne du verre
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Consigne du verre : c'est au mois de mai que le test sur 4 régions françaises débute

La France s'apprête à franchir un cap important dans la réduction des déchets d'emballage à usage unique. Dès mai 2025, une expérimentation d’envergure va être lancée dans quatre régions du nord-ouest du pays : la consigne du verre fait son grand retour dans les rayons des grandes surfaces. Sous l’impulsion de l’éco-organisme Citeo, soutenu par le gouvernement français et les filières industrielles, cette initiative pourrait préfigurer une généralisation à l’échelle nationale. À l’intersection des enjeux environnementaux, économiques et industriels, ce projet remet au goût du jour une pratique ancienne dans une logique profondément modernisée.

🏭 Une relance industrielle et logistique structurée

C’est une petite révolution silencieuse qui se prépare. En octobre 2024, la production de contenants standardisés réutilisables était lancée. L’objectif est clair : rendre disponibles dès mai prochain ces nouveaux emballages dans les enseignes de grande distribution des Pays de la Loire, de la Bretagne, de la Normandie et des Hauts-de-France. L'année dernière, à l'annonce de ce projet,  Jean Hornain, directeur général de Citeo déclarait dans un communiqué officiel :

Dès mai 2025, 16 millions de Français pourront acheter des produits de grande consommation dans des emballages réemployables, dans les grandes surfaces alimentaires de quatre grandes régions de l'ouest et du nord de la France (Pays de la Loire, Bretagne, Normandie, Hauts-de-France). Ces premiers emballages standardisés réemployables seront disponibles dans les grandes surfaces.

Cette standardisation constitue un pivot logistique essentiel pour permettre le lavage, la collecte et la remise en rayon à grande échelle. Les dispositifs de collecte en magasin ont commencé à être installés dès le mois de mars dernier. Il s’agit de points de retour pour les bouteilles de bière, les jus de fruits, ou encore les bocaux de conserves alimentaires. Cette initiative s’inscrit dans un partenariat étroit avec le syndicat Brasseurs de France, qui représente les grandes entreprises du secteur brassicole. Selon les pouvoirs publics, l’envolée du prix du verre durant la crise énergétique a accéléré la réflexion autour d’un système plus résilient et moins dépendant de la production neuve.

♻️ Un levier environnemental et économique majeur

L'intérêt du retour de la consigne ne se limite pas au volet écologique, bien qu’il soit central. Le réemploi des emballages en verre est nettement moins énergivore que la fabrication de bouteilles neuves, notamment en termes d’émissions de CO₂ et de consommation d’énergie. Il s’agit donc d’un outil puissant pour diminuer l’empreinte environnementale du secteur agroalimentaire. Mais il est également perçu comme un moyen de restaurer les marges de certaines industries, mises à mal par la volatilité des prix des matières premières et les hausses du coût de l’énergie.

Citeo, financé par les producteurs d’emballages, assure la coordination de cette phase pilote avec un double objectif : soutenir financièrement les collectivités locales et garantir la performance de la collecte. Aujourd’hui, environ 16 millions de Français seront concernés par l’expérimentation. À terme, cette démarche pourrait se traduire par une transformation systémique des circuits de distribution, alliant proximité, efficacité et durabilité.

👁 L'œil de l'expert : la généralisation nationale comme prochaine étape?

Le retour de la consigne du verre s’inscrit dans une stratégie plus large de transition vers une économie circulaire, où le réemploi devient la norme plutôt que l’exception. Cette expérimentation constitue une étape cruciale pour évaluer les conditions techniques, économiques et comportementales d’un futur déploiement national. L’adhésion des consommateurs, la coordination entre les industriels et les distributeurs, ainsi que la capacité logistique des territoires seront les clés du succès.

Il va être alors crucial de surveiller méthodiquement les résultats de cette phase pilote, en particulier sur les taux de retour, les coûts logistiques et l’impact environnemental réel. Une évaluation aussi précise que possible permettra à n'en pas douter d’ajuster le modèle avant une généralisation, avec un impératif : éviter que la consigne ne devienne un fardeau pour les petits producteurs et les commerçants indépendants. L’État devra aussi envisager un soutien renforcé pour les filières locales de lavage et de transport, afin d’optimiser le modèle sur l’ensemble du cycle de vie des emballages.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français