Des distributeurs optimistes, des industriels attentistes
Alors qu’elles avaient été avancées sous impulsion du Gouvernement pour accélérer la lutte contre l’inflation, il reste encore quelques jours aux distributeurs et aux industriels pour finaliser les négociations sur les prix 2024.
Entre l’optimisme de Dominique Schelcher (PDG de Système U) et la détermination de Michel-Edouard Leclerc (patron des centres E.Leclerc), les premiers retours sont plutôt encourageants, et devraient permettre la baisse de certains prix, avec en ligne de mire la chute de l’inflation.
👊 « Cassez la gueule à l’inflation »
C’est en ces termes que Michel-Edouard Leclerc s’est exprimé sur les plateaux de France Télévision, le 2 janvier dernier. Alors que les négociations toucheront à leur fin entre le 15 et 31 janvier prochains, les grands capitaines français de la distribution semblent confiants quant à l’issue de cette nouvelle séquence.
Et Michel-Edouard Leclerc l’exprime avec une certaine forme de combativité :
On va aller chercher des poches de baisse de prix, on va aller casser la gueule à l'inflation, et on va arriver avec une inflation, je pense, - fin janvier, début février - qui sera au moins moitié moins que l'année dernière.
Pour Dominique Schelcher, le PDG de Système U, l'objectif est tout aussi clair. Sur le plateau de BFMTV le 3 janvier dernier, il expliquait :
L'objectif c'est d'aller chercher des baisses de prix sur les produits dont les matières ont baissé.
🛒 Les pâtes, le café, les huiles, la farine
Pour les deux dirigeants, des matières premières telles que le blé ou le café ont connu des baisses de leurs prix. C’est donc logique que les distributeurs expliquent exiger des baisses des tarifs sur tous les produits à base de ces matières premières.
Ainsi, les produits à base de blé, dont le prix a reculé cette année, devraient être plus accessibles en rayons.
Pour les pâtes, pour les gâteaux, il y aura un impact favorable, assure Dominique Schelcher.
Il va jusqu’à prévoir des baisses potentielles à 2 points concernant le prix des pâtes. Les chips pourraient aussi connaître la déflation.
❌ Mais les industriels ne sont pas pressés
La loi sous laquelle on discute actuellement est très favorable aux industriels et ils le savent, rappelle Dominique Schelcher. Et d’ajouter : Le délai est plus court cette année et on pensait avoir une mobilisation plus forte. Beaucoup d'industriels sont partis en vacances pendant les fêtes et on n'a vu personne. On était mobilisé, il faut que ça s'accélère.
Michel Edouard Leclerc regrette aussi cet attentisme des industriels. Il va jusqu’à tempérer en quelque sorte son optimisme :
Beaucoup d'industriels demandent encore des hausses de 6 à 8%. Pour justifier cette hausse, les industriels mettraient en avant l'inflation du prix du conditionnement, selon lui.
Pourtant Dominique Schelcher tente de renforcer la position des distributeurs : atteindre un objectif de baisse de l’inflation sous la barre des 5% (après une inflation alimentaire cumulée de 17,9 % entre janvier 2022 et août 2023).
La dernière ligne droite s’annonce donc d’ores et déjà sportive et pourrait bien réserver des surprises.
Nous attendons avec impatience les résultats de ces négociations.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français