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Moins d'inflation mais une consommation toujours en panne
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Moins d'inflation mais une consommation toujours en panne

La situation politique française, conséquente à la dissolution de l’Assemblée Nationale, aura eu raison de la dynamique économique intérieure, mais aussi de la confiance des ménages. Les entreprises ont aussi changé leur stratégie cet été. Face à l’incertitude politique, et au renchérissement du coût du crédit, les investisseurs ont reculé. Dans son point de conjoncture, l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) dresse un tableau trompeur, entre les limites des moteurs de l’économie nationale, et les perspectives pourtant encourageantes pour la fin de cette année.

🚀 JO, dépenses publiques et commerce extérieur comme moteurs de l’économie

Les Jeux Olympiques de Paris auront eu un effet incontesté sur l’économie française au cours de cet été 2024 : population de consommateurs accrue, ventes de produits dérivés, fréquentation des transports en hausse, etc. Les JO auront participé, selon l’Insee, pour 0,3% de la croissance du PIB au troisième trimestre 2024 (et 0,1 point à celle de l’année). L’Institut estime donc logiquement que la fin des JO pourrait, à contrario, avoir un effet négatif sur la croissance du dernier trimestre.

L’autre moteur de la croissance française reste le commerce extérieur, avec les activités aéronautiques et les activités navales. A elles seules, elles participent pour 0,9point des 1,1% de croissance du PIB pour l’ensemble de l’année 2024 ! Après des années de disette, fortement accentuée par la crise sanitaire de la COVID-19, les exportations françaises tirent aujourd’hui en partie l’économie nationale. Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture à l’Insee, l’explique en détail : 

Après la baisse des exportations au moment de la crise sanitaire, ce secteur n’a toujours pas rattrapé son niveau de 2019. Les industriels ont énormément de commandes, ils sont confrontés à un problème d’offre et n’ont pas de problème de demande. Au fur et à mesure, ils parviennent à livrer.

Enfin, la dépense publique, largement critiquée ces dernières semaines (crise de la dette oblige) contribue elle aussi à la croissance du pays, qualifiée par l’Institut comme « la seule source de dynamisme de la demande intérieure ».

🛒 Et une consommation toujours molle

Traditionnel moteur de l’économie française, la consommation reste en berne au niveau national. Pourtant, l’Insee reste confiante et considère que les Français devraient progressivement retrouver le chemin des magasins. La baisse de l’inflation, plus rapide que prévue, et qui pourrait, selon l’Institut, retomber à 1,6% sur un an, d’ici la fin de cette année, devrait déclencher de nouvelles pulsions à la consommation.

Pourtant, Dorian Boucher ne peut manquer de rappeler sa surprise, au printemps dernier, face à la baisse de la consommation des ménages français dans les produits alimentaires. Et même si l’augmentation des prix sur ces produits s’est fortement affaiblie, les Français n’ont pas encore repris leurs anciennes habitudes de consommation, et restent très prudents dans leurs achats. Mais l’Institut estime que les Français devraient, jours après jours, se rendre compte que les prix n’augmentent plus, et que la consommation reprendra alors. Les augmentations des salaires et des prestations sociales, pour répondre à l’inflation, devraient aussi redonner du pouvoir d’achat aux ménages français, avec des prix qui augmenteront moins vite désormais.

Et plutôt que dépenser, les Français ont jugé préférable de renforcer leur épargne, et mettant un peu plus de côté. Le taux d’épargne des Français atteint 17,9 % au second trimestre, soit plus de trois points au-dessus de son niveau de 2019.

Enfin, la détente sur les taux des crédits, ces derniers mois, pourrait aussi contribuer à redonner du pouvoir d’achat aux investisseurs, et en particuliers à tous les porteurs de projets immobilier.

L’ensemble de ces éléments laissent alors à penser que le pire pourrait peut-être se trouver désormais derrière nous. Les prochains mois, ainsi que les orientions politiques qui seront prises par le prochain gouvernement, seront à n’en pas douter déterminants.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français