Inflation persistante : comment les Français repensent leur alimentation face à la vie chère
Alors que l’inflation se stabilise sur le plan statistique, sa perception par les consommateurs reste profondément marquée par les hausses récentes. En France, la flambée des prix alimentaires a provoqué un véritable bouleversement des habitudes de consommation. Une étude conjointe menée par Ymanci et FLASHS, relayée par Le Journal de l’Économie, met en lumière les arbitrages opérés par les ménages français pour maintenir un équilibre budgétaire, quitte à transformer durablement leur régime alimentaire. Ce contexte témoigne d’un changement structurel dans la manière dont les Français consomment, au-delà de simples ajustements ponctuels.
💰 Une inflation perçue plus qu’objective : le poids des souvenirs économiques
Depuis les crises économiques post-Covid, notamment celles de 2022 et 2023, le pouvoir d’achat des foyers modestes a subi une forte pression. Bien que les relevés récents indiquent une forme de stabilisation des prix en grande distribution, cette réalité demeure imperceptible pour la majorité des consommateurs. Selon l’étude Ymanci-FLASHS, 95 % des Français ne ressentent pas la moindre accalmie dans leurs dépenses alimentaires. Ce décalage entre perception et réalité illustre une perte de confiance durable, héritée des épisodes inflationnistes passés, et alimente une vigilance extrême à la caisse.
Les comportements d’achat en ont été durablement modifiés. La clientèle des enseignes à bas prix — comme Lidl, Aldi ou Netto — ne cesse de croître, tout comme la stratégie du “multi-enseignes”, qui consiste à diversifier les points de vente pour maximiser les économies. Le consommateur est devenu stratège, arbitrant en fonction des promotions, des formats familiaux et des marques distributeurs, souvent au détriment des produits frais.
🛒 Des paniers transformés : vers une nouvelle norme alimentaire
Le renchérissement des denrées de première nécessité a obligé les ménages à réorienter leur alimentation vers des produits plus abordables, sans pour autant renoncer à l’équilibre nutritionnel. Les produits frais sont les grands perdants de cette mutation : viande, fromage, fruits et légumes frais sont de plus en plus évités. En revanche, les alternatives longue conservation gagnent du terrain : surgelés, conserves et protéines végétales connaissent une nette hausse de consommation.
Ce glissement est également dicté par la nécessité d’optimiser la durabilité des produits. Acheter moins fréquemment, mais mieux conservé, permet de limiter le gaspillage et de mieux gérer les stocks alimentaires à domicile. Le choix n’est plus uniquement nutritionnel, mais également logistique et économique.
Yann Auger, directeur général du réseau solidaire Andès, avait déjà évoqué une tendance similaire chez les travailleurs pauvres, contraints à « manger moins, ou moins bien ». Un phénomène aujourd’hui étendu à une frange bien plus large de la population française.
👁 L'œil de l'expert : une mutation durable des comportements
La crise inflationniste n’a pas seulement vidé les porte-monnaie : elle a redéfini la relation des Français à la consommation alimentaire. Ce tournant, bien qu'imposé par la conjoncture, pourrait à terme redessiner les modèles de distribution, inciter les producteurs à repenser leurs gammes et pousser les politiques publiques à ajuster leurs dispositifs de soutien. À l’avenir, il sera crucial d’accompagner cette transition vers une consommation plus frugale mais équilibrée. Pour y parvenir certains imagine passer par la généralisation d’initiatives comme la sécurité sociale de l’alimentation, une meilleure éducation nutritionnelle, ou encore un soutien renforcé aux circuits courts et aux productions locales, moins sensibles aux chocs internationaux.
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