Défaillances d’entreprises en France : une situation critique
Les défaillances d’entreprises ont atteint des niveaux record en octobre, avec 64 650 cas enregistrés sur douze mois, selon les chiffres de la Banque de France. Ce nombre dépasse non seulement celui de septembre mais également la moyenne annuelle d’avant-crise. Cette situation, bien qu’en partie attribuable à un rattrapage post-Covid, illustre des fragilités économiques persistantes et des impacts majeurs sur l’emploi et les territoires.
📈 Un rattrapage post-Covid, mais une pression durable
La hausse des défaillances, qui a augmenté de 21 % en rythme annuel, s’explique en partie par un effet de rattrapage. Pendant la pandémie, les aides massives de l’État avaient artificiellement maintenu à flot de nombreuses entreprises. Selon la Banque de France, environ 50 000 défaillances ont été évitées entre 2020 et 2022, ce qui explique la reprise brutale enregistrée depuis la levée des dispositifs d’aides. Cependant, cette reprise a désormais dépassé les niveaux pré-pandémie : en octobre, le nombre de défaillances était supérieur de 8,9 % à la moyenne de la décennie 2010-2019.
Un exemple concret est celui de Luc, gérant d’une PME dans le secteur du transport et de l’entreposage. Pendant la crise sanitaire, il avait bénéficié du prêt garanti par l’État (PGE) et d’un report de charges. Mais la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières depuis 2022, couplée à une baisse d’activité, a fragilisé son entreprise, qui a finalement dû déposer le bilan fin 2023.
Les secteurs les plus touchés sont ceux qui ont subi des chocs économiques forts : les activités immobilières (+40,4 %), le transport et l’entreposage (+40 %), ainsi que la construction (+28,4 %). Même des secteurs traditionnellement résiliants, comme l’hébergement-restauration (+14,9 %), sont impactés par une hausse des faillites.
👉🏼 Les moyennes entreprises en première ligne
Une autre caractéristique de cette vague de défaillances est la taille des entreprises concernées. Ce sont les moyennes entreprises (ME) qui souffrent le plus, avec une hausse de 46,4 % des faillites sur un an. Suivent les petites entreprises (30,9 %) et les très petites entreprises (25,3 %). Contrairement aux micro-entreprises ou aux jeunes sociétés, les ME et les PME plus anciennes ont une taille et une ancienneté qui auraient dû les rendre plus robustes. Pourtant, ces entreprises éprouvent de plus en plus de difficultés à s’adapter à un environnement économique en mutation rapide.
Ces défaillances massives représentent également une menace pour l’emploi : 250 000 postes seraient actuellement à risque, selon les estimations du groupe BPCE. Ce chiffre reflète l’importance économique des entreprises en défaut, souvent bien établies et présentes sur leurs territoires.
Cependant, cette situation, bien que grave, n’est pas qualifiée de « tsunami » par les experts. Les défaillances prévues pour 2024, bien qu’historiquement élevées, s’inscrivent dans une dynamique de « normalisation » après une période exceptionnelle.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français