Crédit immobilier : le jeu du chat et de la souris, et au milieu les Français
L’information a été largement relayée ces derniers jours et pour cause : là où le gouverneur de la Banque de France (BDF) a participé activement à l’établissement et surtout au maintien des mesures contraignantes du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), cette même institution nationale ose aujourd’hui s’inquiéter des refus croissants des prêts immobiliers…
🧐 Signe avant-coureur d’un possible maintien des mesures du HCSF ou simple erreur de communication ?
La Banque de France fait état de ses inquiétudes face à l’augmentation des refus sur les demandes de prêts immobiliers des ménages français (NDLR : aucune mesure de ces taux de refus n’existe réellement, on parle donc de « ressenti »).
Cette annonce coïncide avec l’approche de la réunion du Haut Conseil de Stabilité Financière, prévue début décembre prochain. Cette annonce fait aussi écho aux résultats d’une enquête de la Banque Centrale Européenne (BCE), qui signale également une hausse des taux de refus au troisième trimestre.
C’est François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, qui a abordé ce sujet au cours d’une conférence de l'Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR). Le journal Les Echos (en date du 17 novembre dernier) rapporte que le gouverneur a alors souligné le besoin de recourir à une meilleure surveillance de ces taux de refus. 😳
🤯 Un contexte bien plus complexe
Alors que les banques et les courtiers attendent avec impatience un desserrement des mesures restrictives mises en place par le HCSF il y a deux ans (limitant la durée des crédits à 25 ans et le taux d'effort à 35%), le gouverneur de la Banque de France semble - lui - renvoyer la balle aux banquiers en leur opposant une timidité d’octroi, « dans un contexte ou la rentabilité des prêteurs et leur liquidité ne seraient plus des freins ».
Le sujet est sans doute plus complexe et plus structurel : les banques (françaises) font état de contraintes de bilan, mais aussi d’une certaine raréfaction des porteurs de projets immobiliers. La hausse des taux (multipliés par deux en un an) rendant des projets plus du tout finançables, ou pour le moins plus d’actualité. La faible baisse des prix de l’immobilier et les tensions sur le marché de l’offre viennent compliquer davantage le contexte.
😶 Une procédure amiable ?
Avec un seuil de production tombé à 9,2Mds d’euros en septembre dernier, le volume de crédits immobiliers revient à son niveau de 2015.
La Banque de France semble vouloir sauver la face en tentant de se faire force de proposition : instauration d’une procédure amiable pour tout dossier solvables qui serait refusé par la banque…
Par ailleurs François Villeroy de Galhau invite également les banques à jouir davantage des souplesses consenties voilà quelques mois par le HCSF pour rendre la distribution des crédits immobiliers plus flexible.
La réunion de décembre semble d’ores et déjà s’orienter vers un nouveau bras de fer entre le HCSF et la Banque de France d’un côté, et les banques et courtiers de l’autre.
Bruno Lemaire, qui préside cette plénière, sait déjà à quoi s’attendre. Ce que nous savons en revanche, c’est les mois passent et que la crise du logement s’installe dans notre pays et enfonce tout un secteur dans une crise sans précédent.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français