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Crédits immobiliers : plus qu’un « simple malentendu » !
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Crédits immobiliers : plus qu’un « simple malentendu » !

Avec une production de crédits immobiliers de 11 milliards d’Euros en juin dernier, la France connaît  un retour du niveau de production égal à celui que notre pays enregistrait en 2008-2009, au moment de la crise des subprimes. Mais comme le dit le gouverneur de la Banque de France, il y a simplement "un petit malentendu" sur les crédits immobiliers dans notre pays.

👀 La chute vertigineuse

Le nombre de crédits immobiliers accordés en France a baissé de 50% en un an.

C’est le constat que l’ensemble de la profession confirme depuis maintenant des semaines. Lorsque la production de nouveaux crédits représentait 19 milliards d’Euros en juin 2022, elle a chuté à 11,1 milliards en juin 2023. C’est une baisse de production de 41,6% sur un an.

Pire, le recul des volumes de prêts immobiliers accordés sur la période allant de mai à Juillet 2023 pointe à -51% par rapport à la même période 2022, soit une chute de moitié du nombre de prêts (source Banque de France) !

Nous voyons bien que toutes les mesures qui ont pu être mises en place par le gouvernement de la  Banque de France ou le HCSF (Haut Conseil à la Stabilité Financière), entre autres, n’ont eu aucun effet sur le renversement de la tendance : actualisation du taux d’usure, assouplissement des quotas HCSF, prolongement sous condition de la Loi Pinel.

A cela s’ajoutent les effets de l’inflation sur le budget des ménages français, et l’augmentation sans discontinuation des taux de crédits, venant renchérir le coût de l’investissement immobilier. La crise est bien là, soyons clairs !

🙏 Des raisons d’espérer ?

Le dernier statut quo exprimé par le ministre de l’économie Bruno Lemaire, à la sortie de la dernière réunion du HCSF, ne laisse aucun doute sur le fait que le marché du prêt immobilier sera encore extrêmement tendu d’ici la fin de cette année. Quand l’entourage de Bruno Le Maire explique que les baisses des prix de l’immobilier vont donner à nouveau du pouvoir d’achat aux Français, nous pouvons nous interroger : Même si les durées de vente d’un bien immobilier ont considérablement augmenté, les prix des biens à vendre ne baissent pas suffisamment ou peu, avec en plus des différences notoires des fluctuations des prix, d’une région à l’autre.

Et lorsque nous mettons en rapport l’inflation du coût du crédit (+20/25% sur la période) avec la baisse des prix (-1 % en moyenne sur l’ensemble des logements en 2023. Elle est légèrement plus forte pour les appartements (-1,1 %) que pour les maisons (-0,9 %), nous pouvons très vite nous rendre compte que le compte n’y est pas.

Non, les Français ne vont pas gagner en pouvoir d’acheter d’ici quelque temps encore. Et même si les banques souhaitaient ouvrir les robinets, on peut craindre que cela ne serait pas suffisant pour redresser la barre.

🧐 On parle du crédit immobilier, mais concernant le regroupement de crédits ?

Pour le regroupement de crédits, dont on parle assez peu dans la presse, la tendance est la même. La baisse des volumes financés sur un an est du même niveau à celui que nous connaissons sur le prêt immobilier.

La faible remontée des taux d’usure LCC ne permet pas aujourd’hui aux banques spécialisées en rachat de crédits de répercuter les coûts de refinancement imposés.

Pour autant, moins impacté par les contraintes du HCSF, le marché du regroupement de crédits semble aujourd’hui davantage limité par l’offre bancaire que par la motivation des Français à diminuer leurs charges de remboursement.

On peut donc imaginer que dès lors que les banques rouvriront leurs politiques d’octroi (les marges se rétablissent progressivement), la production repartira à la hausse : la demande est là et s’amplifie, face aux dégâts que produit le cycle inflationniste sur le budget des ménages français.

Pour ce secteur, la stagnation, voire la baisse de l’inflation sera un arbitre de taille.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français